Pourquoi la psychologie cognitive est mauvaise pour l'UX ?

Pourquoi la psychologie cognitive est mauvaise pour l'UX ?

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certains designs nous plaisent et attirent notre attention plus que d’autres ? Ou bien pourquoi les utilisateurs cliquent à certains endroits plus qu’à d’autres ? La réponse n’est pas si simple et bien souvent, se trouve dans la psychologie cognitive. Oui, celle-là même.


Au sommaire

TL;DR — Quel lien existe-t-il entre design & psychologie ? Pourquoi la psychologie cognitive permet de concevoir des interfaces idéales ? Quelles en sont les conséquences ?


🤯 C’est quoi au juste la psychologie cognitive ?

C’est tout simplement l’étude scientifique des fonctions cognitives humaines.

L’idée est d’avoir une compréhension plus fine et scientifique de la manière dont agit l’esprit en décortiquant le fonctionnement d’une partie du cerveau associé aux comportements humains, nos fonctions de cognitions, donc.

Autrement dit, en psychologie cognitive, on cherche à comprendre le pourquoi du comment des réactions et du comportement d’une personne.

La cognition est l’ensemble des processus mentaux qui se rapportent à la fonction de connaissance et mettent en jeu la mémoire, le langage, le raisonnement, l’apprentissage, l’intelligence, la résolution de problème, la prise de décision, la perception ou l’attention. — Wikipédia --

🧐 Mais quel rapport avec l’UX Design ?

C’est un peu la question que tout le monde se pose à ce moment-là de l’article, non ?

You cannot understand good design if you do not understand people; design is made for people. — Dieter Rams, German Industrial Designer

La psychologie cognitive nous permet de mieux comprendre les perceptions et les raisonnements de nos utilisateurs. En ayant conscience des mécanismes qui sont à la base notre perception et interprétation des informations présentées, nous allons pouvoir créer des designs mieux perçus, mieux compris et plus engageants.

En fait, comprendre la psychologie cognitive en tant qu’UX designer, c’est un peu comme avoir des superpouvoirs ! Et promis, pas besoin d’un diplôme en psychologie pour exercer.

L’idée, c’est surtout, qu’une fois confronté à des problématiques psychologiques, vous ayez toutes les clés en mains pour prendre de meilleures décisions car, lorsque nous concevons des interfaces et des expériences utilisateurs, nous utilisons des principes cognitifs applicables à l’UX Design, plus ou moins consciemment.

Il en existe plusieurs (beaucoup) mais vous en connaissez sûrement déjà, sans même le savoir !

Peut-être savez-vous ce qu’est la Loi de Pareto et le principe de 80/20. Le nom de Gestalt Theory (ou Psychologie de la Forme) vous dit sûrement quelque chose. Ou peut-être encore vous êtes familiers avec la notion de biais cognitifs.

Je ne vais pas m’amuser à tous les lister ici, mais sachez que nombreux sont les principes psychologiques s’appliquant au design d’interface.

👉 RDV à la fin de cet article pour de bonnes ressources sur le sujet.

Design is a funny word. Some people think design means how it looks. But of course, if you dig deeper, it’s really how it works. — Steve Jobs

J’irais même plus loin en disant que le Design est la compréhension des comportements humains.

N’oublions pas ! Une interaction est une action qui découle directement de nos fonctions cognitives, de notre motivation et de nos émotions.

La richesse des connaissances en psychologie cognitive et comportementale pour un designer est donc une ressource fondamentalement précieuse pour concevoir des interfaces réellement centrées sur l’utilisateur.

Bref, jusqu’ici, on l’aura bien compris, design et psychologie sont intimement liés, et c’est bien de le savoir. Mais pourquoi s’en soucier davantage ?

🦸 Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités.

Alors que la psychologie cognitive semble être ultra-pertinente pour créer des expériences utilisateurs delightful et engageantes, il est primordial de considérer le potentiel manipulateur de ces connaissances.

Je m’explique.

Savoir comment le cerveau humain peut réagir face à des stimulus semble intéressant. Mais au-delà de créer des produits ou des services utiles et séduisants, la connaissance de ces mécaniques peuvent parfois dériver jusqu’à la manipulation des utilisateurs.

Les nombreuses études sur le concept de ‘conditionnements opérants’ illustrent parfaitement de la capacité de notre cerveau à être modifié, façonné voire manipulé face à la récompense.

LA référence classique sur le sujet est les expériences de Skinner, mais pour simplifier ce concept, imaginez une machine à sous dans un Casino. Un client appuie sur un bouton pour activer la machine. En retour, il gagne de l’argent, parfois un peu, parfois beaucoup, parfois pas du tout. Et, peu importe le dernier résultat, il recommencera, inlassablement (jusqu’à ce qu’il soit, soit vidé de tous ses sous, soit ultra-millionnaire en deux-deux). C’est typiquement un exemple de conditionnement (de shaping) de notre cerveau.

De la même manière, les biais cognitifs (et nombreux sont-ils), sont eux aussi des mécanismes de pensée, généralement inconscients, qui poussent le cerveau humain à tirer des conclusions incorrectes, dues à un traitement immédiat mais aberrant, de l’information.

Exemple : l’effet Ikea. Les gens accordent une valeur disproportionnée aux produits qu’ils ont partiellement créés.

Autrement dit, plus on accorde du temps et de l’énergie dans quelque, plus l’on va lui accorder de la valeur.

Poussé à la perversion, il est tout à fait possible d’influencer le comportement d’une personne à travers le simple design d’une interface et d’une expérience utilisateur (coucou le neuromarketing et les Dark Pattern).

En fait, les exemples de ‘conditionnement opérants’ actuels sont nombreux. Dès que nous regardons notre téléphone pour de nouvelles notifications, que nous scrollons dans un feed infini sur Instagram ou que l’on pull to refresh Gmail pour voir si l’on a reçu un nouveau mail, nous (enfin notre cerveau quoi) sommes, en réalité, conditionnés par la technologie et la manière dont elle a été conçue.

Et il n’est d’ailleurs pas bien difficile de faire le lien entre Notifications et Machine à Sous… Le principe est exactement le même.

🙋‍♀️ Une question d’éthique, et pourquoi c’est très important !

Et oui.

Facebook a introduit le bouton like en 2009. Quand bien même l’intention première n’était sûrement pas de créer une addiction du like, cela n’excuse en rien les conséquences négatives et dramatiques que cela a pu avoir sur de nombreuses personnes.

La technologie fait désormais partie intégrante de nos vies (on a arrêté de compter le nombre d’objet désormais avec le préfixe smart-…) et il est plus que jamais primordial pour nous, designer, de prendre en compte la notion d’éthique dans notre travail.

L’une des premières étapes dans cette démarche est d’abord de chercher à comprendre comment et pourquoi l’esprit humain est exploité / exploitable.

Il en va de notre responsabilité lorsque nous participons à la création de produits et de services, en respectant le bien-être “digital” des utilisateurs.

Les objectifs de croissances démentiels ne devraient plus être au détriment de l’utilisateur. Au contraire, il faut intentionnellement ralentir les processus de création pour considérer, véritablement, l’impact que cela peut avoir sur la vie des gens.


👀 Building awareness…

Loin d’avoir été exhaustive, (et loin, bien loin de tout connaître en la matière), j’espère au moins avoir pu éveiller une conscience sur l’intérêt de la psychologie cognitive dans l’UX, mais aussi ces potentiels déboires et la responsabilité qui nous incombe face à cela.

Personnellement, je regrette de ne pas avoir eu davantage de cours sur ces notions pendant mes études. Je me rends compte que c’est, au-delà d’être extrêmement passionnant, un pan fondamental de nos métiers, sans même vraiment le savoir.

Pourquoi les psychologie cognitive est mauvaise pour l'UX ? Les bonnes ressources livres en psychologie cognitive

📚 De bonnes ressources à avoir sous la main.

Et si, comme moi, le sujet vous intéresse, voici ma petite bibliothèque pour en apprendre davantage, car nul besoin d’avoir un doctorat en psychologie pour se pencher sur le sujet et acquérir de nouvelles compétences !

Certains livres sont aussi disponibles en français.


Merci d’avoir lu cet article. ❤️

À bientôt 👋